Entre convictions, envie d’agir et terroir, Fabrice raconte la création de la Coopérative de la Transition du Val de Saône-Mont-d’Or et sa branche dédiée aux énergies renouvelables citoyennes : Watt-Saône.
Watt-Saône fait partie des 2 collectifs citoyens d’énergie renouvelable à avoir vu le jour lors de la 1ere saison du programme A nous l’Énergie.
Janvier 2019, Fabrice participe à la première réunion du Grand Débat organisée à Saint-Germain-au-Mont-d’Or. Pendant 2 heures et avec 130 citoyens, ils débattent des idées et des revendications pour changer le pays suite au mouvement des Gilets Jaunes. Tous ne sont pas des militants écologistes convaincus, pourtant, on sent une attente forte sur ce sujet. Les idées fusent : on parle de résilience énergétique du territoire et de coopératives citoyennes. A la suite de cette réunion, Fabrice décide de passer des paroles à l’action et fonde avec Nicolas et d’autres citoyens La coopérative de la Transition Val de Saône-Mont-d’Or.
Je m’appelle Fabrice, je suis Sommelier Conseil et mon grand-père était viticulteur. Via mon travail, je vois au quotidien l’accélération du changement climatique. On vendange de plus en plus tôt et le profil aromatique de nos vins se modifie : ils deviennent de plus en plus alcoolisés !
J’ai donc commencé à changer mon quotidien pour agir à mon échelle contre le réchauffement. C’est notamment le cas de mon logement où j’ai pose des panneaux photovoltaïques. J’ai aussi fait tout ce que je pouvais pour réduire ma consommation énergétique (isolation, pompe à chaleur,…). Et puis un jour, j’ai eu envie d’aller plus loin et de faire bouger les choses sur mon territoire. Je me suis investi dans le milieu associatif et dernièrement avec la Coopérative de la Transition Val de Saône-Mont-d’Or.
Justement, tu peux nous en dire un peu plus sur cette coopérative ?
Bien sûr ! À la fin du Grand Débat en 2019, j’ai échangé avec des personnes intéressées par l’idée des coopératives citoyennes. Pour moi, il fallait aller plus loin et agir !
Et puis en 2020, on était finalement un petit groupe de personnes impliquées sur une multitude de petites communes dans le milieu associatif. Sauf qu’à l’époque, tout était assez cloisonné dans nos villages. Entre associations, on se côtoyait sans se mélanger ! Et on rencontrait toujours les mêmes écolos convaincus. Alors un matin, on s’est dit qu’il fallait casser ce plafond de verre ! Il fallait attirer le plus grand nombre de personnes et réunir toutes les initiatives du territoire pour en faire une force commune. La coopérative est née !
Aujourd’hui, on compte 9 branches différentes dans notre coopérative. Toutes mènent des actions bien précises. L’une d’elles se concentre sur les énergies citoyennes et la transition énergétique de notre territoire : Watt-Saône. Le but : produire de l’énergie renouvelable localement et collectivement. Et pour ça, on cherche à installer des panneaux solaires sur des toitures ou des parkings publics ou privés.
Pour toi que représente Watt-Saône ?
C’est avant tout une aventure humaine ! Et c’est justement ce que l’on cultive dans notre coopérative. Nous sommes un noyau de 9 personnes et une vingtaine d’autres gravitent autour. Nous sommes des citoyens engagés qui ont aussi besoin de moments de partage. Alors on ponctue nos échanges d’apéros et de moments conviviaux. Tout ça permet d’apprendre à se connaître, de tisser des liens. Et on est contents de se retrouver pour plancher ensemble sur nos projets. Pour moi, c’est aussi ça la transition : des moments de partage et de fêtes !
Vous planchez sur quoi en ce moment ?
Depuis octobre, on se concentre surtout sur la recherche de toitures. On a créé pour ça un groupe de travail dans Watt-Saône. Et comme on aime bien s’amuser, on l’a appelé “Les Reines et les Rois des Toits”. Aujourd’hui, on continue de faire des études d’opportunités pour vérifier la pertinence des toits que l’on a repérés. Ils doivent répondre à des contraintes techniques, mais aussi avoir une symbolique et être connu du grand public. L’idée, c’est d’avoir des toits qui donneront envie aux personnes d’investir et crédibiliser notre démarche. Donc on avance et on prend notre temps pour les choisir.
En novembre, on a aussi pris la décision de rejoindre Un Deux Toits Soleil. C’est une société citoyenne dans laquelle on retrouve différents groupes locaux comme Watt-Saône. Concrètement, la SAS “Un Deux Toits Soleil” est l’outil juridique sur la métropole de Lyon. Elle permet à notre collectif de collecter les fonds, de réaliser et d’exploiter des installations solaires, et enfin, de gérer les bénéfices. Aujourd’hui, on est en train de finaliser cette nouvelle organisation.
En parallèle, on s’intéresse aussi à l’autoconsommation collective. Au vu de l’actualité et de l’augmentation du prix de l’énergie, les collectivités nous demandent de développer des actions en ce sens. On a donc été formé en août par CoopaWatt. Et depuis septembre, les bénévoles sont montés en compétences de manière assez impressionnante.
Pour s’impliquer dans un collectif, faut-il déjà connaître les énergies renouvelables ?
Alors non ! Si certains connaissent un peu les énergies renouvelables, ce n’est pas le cas de tout le monde. Quand on me dit que c’est trop technique, j’aime bien répondre : “Ne vous inquiétez pas ! Plus de la moitié des collectifs citoyens d’énergie renouvelable se sont lancés sans rien y connaître eux aussi. L’important, c’est l’envie d’agir et d’apprendre”.
Et puis on a aussi la chance de n’être pas seul. La Métropole et les élus nous font confiance. CoopaWatt nous accompagne pour monter en compétences et on apprend les uns des autres. Par exemple, Michel est arrivé en novembre. Il ne connaissait rien connaître aux énergies renouvelables citoyennes. Après l’avoir bien accompagné au début, il s’est pris au jeu ! Il a mis le nez dans les formations en libre accès sur notre drive. Aujourd’hui il a déjà animé seul 2 réunions publiques. Il est maintenant au même niveau que moi !
Et ça prend beaucoup de temps au quotidien ?
Là aussi, ça doit rester un plaisir, un partage ! On dit souvent aux bénévoles de ne pas hésiter à lever le pied si ça fait trop. On est plusieurs, on peut se passer le relais et chacun s’investit selon ses disponibilités. On est pas mal de quadra actifs, mais on a aussi quelques retraités qui ont plus de temps. Je le disais lors d’une réunion publique A nous l’Energie : “Il ne faut pas avoir peur de s’embarquer dans cette aventure sous prétexte que l’on manque de temps. On peut tous faire sa petite part !”. Ça peut être une petite mission administrative, tenir un stand : peu importe ! Le tout, c’est que chacun trouve son compte. Et on essaie d’avoir un équilibre entre ceux qui sont contraints par le temps et ceux qui le sont moins. Et ça fonctionne !
Pour terminer, une initiative citoyenne : ça veut dire quoi pour toi ?
C’est se dire que nous sommes des experts de notre territoire au même titre que des élus ou des personnes compétentes. On a notre mot à dire et un rôle à jouer ! Pour faire avancer la transition écologique, je reste convaincu qu’il n’y a qu’une seule voie : l’action via l’engagement des citoyens. On ne peut pas se reposer uniquement sur nos élus et sur notre bulletin de vote. Il faut aller plus loin et agir !
On se rend vite compte que c’est bénéfique pour l’environnement et pour notre moral. Dans la coopérative, certains sont pris d’éco-anxiété. Alors agir concrètement pour la transition énergétique et partager des moments conviviaux, c’est aussi une bulle d’air pour eux. Ils agissent et voient des solutions très concrètes au problème.
Le 13 mai 2022, la coopérative organise le Festival de la Transition à Saint-Romain-au-Mont-d’Or.
Au programme : 60 initiatives locales à découvrir, dont Watt-Saône, une conférence débat autour du film “We the Power” pour mieux comprendre les initiatives citoyennes européennes autour de la transition énergétique et plein d’autres surprises.
Renseignements : Coopérative de la Transition Val de Saône Mont d’Or