Créer et animer une communauté énergétique : les 4 conseils de Colette de Cevival

“Le collectif doit fonctionner sur le plaisir de se retrouver et de faire ensemble. D’après moi, c’est essentiel de donner de la place à la convivialité et aux relations interpersonnelles. Et si on ajoute à cela des objectifs simples à réaliser, c’est un gage de pérennité.“

– Colette, Cevival.

Conseil n°1 : penser sur mesure

L’importance d’une organisation souple et adaptée aux envies de chacun

Dès le départ, nous avons mis un point d’honneur à nous réunir pour le plaisir de faire ensemble. C’était vraiment essentiel pour nous !
Et pour que cela fonctionne, on a imaginé notre propre modèle d’organisation.
Concrètement, on a mis en place un schéma de rôles et de responsabilités et structuré tout cela autour de groupes de travail. Ce schéma est clair et peut évoluer dans le temps selon les disponibilités et les envies de chacun. Et avec ce modèle, tout le monde peut s’exprimer sur ce qui lui plaît, les compétences qu’il souhaite mettre à profit, ou encore les domaines sur lesquels il veut développer son savoir-faire. C’est une manière de favoriser l’épanouissement individuel au service du collectif.

Chacun est aussi libre de son niveau d’investissement. Le temps de travail dans Cevival peut être très différent d’une personne à l’autre et varier sur la durée. Il y a un noyau dur qui assure les incontournables, un deuxième cercle qui gravite autour et apporte son soutien sur des tâches précises ou sur un événement. Par exemple, je suis disponible en ce moment parce que je suis en congé sabbatique, mais ce ne sera plus vrai dans 6 mois ou 1 an, et c’est OK.

Et au final, le partage d’information et la mise en discussion de l’ensemble des sujets cruciaux sont aussi des piliers chez nous. Ils permettent une prise de décision collective. Nous avons pour habitude d’échanger beaucoup, notamment sur les points de désaccord. Lorsque nous sentons qu’il y a des divergences sur un sujet qui implique de prendre des décisions importantes, nous nous réunissons avec un seul sujet à débattre entre nous. La communication est essentielle pour créer une dynamique collective. 

Conseil n°2 : être dans la “dynamique du faire”

L’importance du concret et des objectifs simples

Je pense vraiment qu’il est important de se concentrer rapidement sur des actions concrètes (recherche de toitures, de financements …) pour souder le groupe et ne pas en perdre en route.

D’ailleurs, tout a été très vite pour nous ! Dès le début, on a été très pris par le temps et on a dû monter la centrale très rapidement pour profiter des tarifs réduits d’achat de l’énergie. Cette dynamique d’être “dans le faire” dès le départ a très bien fonctionné. En fait, nous avons tous œuvré très concrètement dans le projet, et c’est ce qui a permis de développer une forte énergie dans le groupe.

Conseil n°3 : tisser des liens, construire des opportunités

L’importance de s’intégrer dans les réseaux

S’inscrire dans des réseaux d’énergie renouvelable citoyenne permet de suivre un chemin balisé. C’est s’appuyer sur des outils pour se former et s’inspirer de l’expérience d’autres initiatives pour mener ses projets. 

A titre d’exemple, Cevival adhère à 2 réseaux.

• Les Centrales Villageoises : ce sont des sociétés locales à gouvernance citoyenne. Elles portent des projets en faveur de la transition énergétique en s’inscrivant dans une logique de territoire. Ces initiatives fonctionnent en réseau au sein d’une Association et partagent un modèle commun, basé sur le partage d’un grand nombre d’outils et de services.
• Énergie Partagée : depuis 2010, l’association regroupe et anime l’ensemble des projets et des acteurs des énergies renouvelables citoyennes en France. Elle les fédère, les soutient, et les accompagne de l’émergence au développement des projets. 

Ces deux réseaux sont très dynamiques et organisent une multitude de formations, de webinaires, de conférences… Ces ressources favorisent une véritable montée en compétences des bénévoles sur les différents sujets sur le plan technique, gestion, relationnel… L’échange de pratiques entre nos collectifs est une clé pour l’avancée de nos projets et permettent de rester en veille sur les sujets d’actualité comme par exemple l’autoconsommation collective.

Conseil n°4 : surmonter les obstacles

L’importance de faire évoluer l’organisation au fil du temps

Comme je le disais plus haut, tout est allé très vite pour nous. Nous avions pour objectif de réaliser des installations rapidement et nous nous sommes focalisés sur la recherche de toitures et la recherche de fonds. Nous étions centrés sur des objectifs simples et clairs, avec des personnes présentes depuis le début. Des petits groupes étaient organisés en fonction des envies et des affinités de chacun et un peu moins autour des compétences comme on apprenait au fur et à mesure. 
C’est seulement la 3e année que nous avons ressenti le besoin de structurer une organisation plus pérenne, mais aussi plus transparente pour les nouveaux bénévoles. Ce mode de fonctionnement très spontané a donc eu besoin de se structurer avec le temps. Il n’était plus adapté à la complexité des projets que nous réalisions, ni aux départs et arrivées de nouveaux, ni à la nécessité de traiter l’ensemble des tâches incontournables de l’activité. Nous avons donc fait évoluer notre organisation en interne afin de s’adapter aux besoins qui avaient évolué. Et je reste convaincue que cette prise de recul était primordiale pour pérenniser l’activité et la dynamique de groupe.